Pour peu, et sans leur manquer de respect, on les prendrait pour deux des frères Dalton. Plus sérieux toutefois et surtout moins gaffeurs! D’un côté Joe, le petit par la taille: le lieutenant-colonel Luc Mouthon, commandant depuis juin 2013 du bataillon de la Protection Civile du district de Nyon (700 personnes); de l’autre Averell, le plus grand, le capitaine Adrian Hochreutener, son adjoint. Complices et complémentaires à la tête de la formidable organisation mise sur pied pour les championnats d’Europe de cyclisme qui auront lieu du 9 au 13 juillet. Un dispositif impressionnant qui doit assurer le bon déroulement et le succès d’une manifestation d’importance pour toute la région de La Côte, avec notamment quatre jours de compétition à raison de deux courses par jour qui vont nécessiter la fermeture des routes passant par Eysins, Arnex, Céligny, Crans et le centre sportif de Colovray.

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Le capitaine Adrian Hochreutener (à gauche) et Luc Mouthon, commandant depuis juin 2013 du bataillon de la Protection Civile du district de Nyon.

Plus de 200 personnes

C’est le CODIR (comité directeur de la PCI), présidé par M. Gérard Produit, qui a pris la décision de mettre la PCI à disposition après avoir été approché par l’organisateur Jean-Paul Savary. « Au début, on nous a dit qu’il fallait 20 personnes. Lors de la deuxième séance, on était à 81. Aujourd’hui nous avons envoyé 213 convocations et 195 personnes sont astreintes, sans compter environ 30 personnes de la PC genevoise. Faites le calcul! » précise Luc Mouthon en rigolant.

Les coureurs méritent d’être protégés

Une façon d’évacuer la pression face à la gigantesque tâche qui l’attend. La sécurité des participants est à ce prix, surtout pour des jeunes sportifs juniors et M23 qui méritent d’être protégés. Sur ce plan-là, Luc Mouthon a bien compris le message et a accepté sans rechigner ces responsabilités que partage Adrian Hochreutener. Plus qu’un adjoint : un « associé », un véritable bras droit sur lequel repose une grande partie du dispositif et à l’origine, avec Cyrus Béhrouz (chef d’engagement) de la reconnaissance vidéo du parcours qui a permis de repérer les passages critiques et de les désigner à l’attention de tous, en particulier des chefs d’équipes. Du beau travail.

On ne dira jamais assez combien la mission des soldats de la PCI est importante dans le cadre d’une grande manifestation organisée par des bénévoles. Avec la participation de la PC genevoise, concernée par le passage à Céligny, cela représente beaucoup de monde, soit quelque 170 personnes (96 dont 74 Vaudois pour jeudi et vendredi, 113 dont 92 vaudois pour samedi et dimanche), sans compter quelques gars le mercredi pour l’accueil des équipes et la cérémonie d’ouverture en fin de journée.

Une plaque tournante de l’événement

Le comité des championnats est d’ailleurs très conscient de l’investissement et de l’effort consentis à cette occasion pour sécuriser le parcours: localisation des difficultés et signalisation des obstacles (ronds-points, ralentisseurs, rétrécissements de chaussée, bordures centrales et trottoirs, etc), aménagement des carrefours, gestion des parkings, du trafic routier et canalisation de la circulation avec informations au public sur le terrain, et aussi coordination générale avec les autres services concernés (organisateurs, gendarmeries vaudoise et genevoise, police municipale, pompiers, services sanitaires, ambulances, Transports publics nyonnais notamment). L’équipe de la PCI est non seulement au cœur de l’événement mais en est la plaque tournante.

A cette occasion, un grand centre opérationnel et décisionnel (PCO) regroupera tous ces services à la caserne du feu de Champ Colin durant les compétitions. Il sera en liaison permanente avec les soldats engagés pour permettre à certains résidents de pouvoir quitter leurs quartiers bloqués par les courses et de faciliter le passage des services prioritaires. « Il fallait un poste de commandement pour tout gérer. On a donc décidé de tout prendre en mains. On a tiré un plan de déviation du trafic et déterminé des portes d’entrée sur le parcours pour les feux bleus (pompiers, ambulances), sur feu vert du PCO. Tout en contrôlant chaque course en temps réel et en contact avec nos gars de faction », précise Luc Mouthon. « Mais la PCI est dotée d’une trentaine de radios et il en faut au moins 150. Il a donc fallu en « dégoter » ailleurs et aussi compléter notre parc informatique. C’est un gros challenge pour nous tous, d’autant plus qu’en juillet il y a les vacances et qu’il n’a pas été facile de trouver l’effectif nécessaire. Nous avons dû proposer des solutions pour contenter tout le monde ! »

Sans oublier que la semaine suivante la PCI du distric de Nyon sera aussi engagée sur le Festival Paléo, qu’elle est ensuite réquisitionnée pour Air14 (centenaire des Forces aériennes et 50 ans de la Patrouille suisse, à Payerne), puis sollicitée par le Triathlon de Nyon ainsi que le semi-marathon cher à Léa Sprunger. « Les trois mois d’été nous utilisent 80 % de notre troupe! » soupire Luc Mouthon qui peut toutefois s’appuyer sur un adjoint dynamique et très motivé pour faire face à ces obligations. « Adrian s’est investi à fond dès le début« , ajoute-t-il. « Il est très impliqué et a une très bonne vision de la manifestation. C’est lui qui a la responsabilité du personnel engagé sur les cinq jours. Il a aussi de grandes compétences en informatique. »
« Avec Luc, on a la même approche des choses et on fonctionne de façon optimale« , renchérit pour sa part Adrian Hochreutener. « Il me soutient et nous sommes totalement en phase. On a toujours bossé ensemble et l’on forme un couple ! »

Soudés autour d’un même projet

Un duo d’une rare efficacité et dont l’esprit d’initiative fait plaisir à voir. On les sent tous deux très soudés autour de ce projet : le côté relationnel et les contacts politiques pour Luc Mouthon, également syndic de Marchissy ; le côté plus technique pour Adrian Hochreutener qui a organisé le cantonnement de la troupe (vestiaire, cuisine, repas, bureau de compagnie pour 200 hommes, y compris la PC genevoise) à la grande salle d’Eysins mise gracieusement à disposition par la municipalité qui prendra aussi en charge l’élimination des déchets. Un très beau geste à signaler.

La réussite d’une telle manifestation implique beaucoup de services et de personnes, à tous les niveaux de l’opération. Elle n’est pas de la seule responsabilité de la PCI, même si celle-ci y contribuera grandement. Chacun a son rôle à jouer mais sur le terrain, la réussite est dans un mariage heureux entre rigueur et souplesse de la part de ses engagés, de façon à ne pas heurter la susceptibilité de certains habitants des zones concernées. Une cohabitation pas toujours bien comprise et bien admise dans ces circonstances un peu particulières. D’où une implication capitale des hommes de la PCI qui nécessite compréhension et doigté. C’est la clé du succès. « Jean-Paul Savary est l’organisateur responsable. Nous, on fait simplement le travail, mais chaque gars est concerné par un ordre écrit », conclut Luc Mouthon, en toute modestie et avec le meilleur esprit de collaboration.

Bertrand Duboux

Matériel dont la PCI a besoin:

  • 200 km de vaubans
  • 2 km de cônes de circulation
  • 20 coussins de sécurité
  • 3 plaques métalliques
  • rubalise et quelque 500 piquets à vaches de fixation pour les parkings

A disposition:

  • 2 camions
  • 2 bus
  • 5 Pinzgauer
  • 1 voiture de commandement
  • + 15 véhicules à louer pour le transport des soldats dans le dispositif.