L’essai publié ci-dessous de l’eBike ABS de Bosch a déjà été publié sur bikinvalais.ch. J’ai attendu un peu pour le faire ici, histoire de parcourir quelques kilomètres avec un vélo sans ABS dans l’intervalle. La comparaison n’a pas été possible sur le même parcours, mais j’ai tout de même trouvé des secteurs bien pentus dans mon coin, sur les hauts de Fully.

Il en ressort surtout que l’ABS est bien utile pour les freinages sur terrain meuble et glissant, qu’il s’agisse, de boue, de gravier ou de poussière, voire une route mouillée, enneigée ou verglacée. Je suis plus circonspect pour ce qui est d’éviter les OTB, ou “soleils” par dessus le guidon. En revenant sur mon vélo dépourvu d’ABS, je me suis dit qu’il était tout de même difficile de “réussir” un OTB au seul freinage (sans venir buter sur un obstacle), même dans la pente. Votre pneu, à moins d’avoir une accroche démoniaque, glissera avant que l’arrière de votre vélo ne vous envoie par dessus bord.

Voilà, ce petit bémol posé, toutes les autres appréciations et conclusions, toujours positives, restent valables.

Le moteur électrique permet à chacun d’aller un peu plus loin et plus vite à vélo, avec un nécessaire accent sur la sécurité, dont le freinage est peut-être le principal et premier aspect. Bosch estime qu’environ 29 % des accidents de vélo électrique pourraient être évités grâce à un ABS fiable.

Pionnier du système sur les avions, autos et motos, Bosch l’a ainsi proposé dès 2018 pour les vélos électriques avant de présenter cet été une nouvelle version, plus aboutie pour les eBikes. Celle-ci se décline en quatre versions: Cargo, Touring, Allroad et Trail. Lorsque la marque m’a proposé d’essayer un VTT équipé d’ABS dans le cadre du Verbier E-Bike Festival, comme plusieurs amis et connaissances cyclistes et vététistes, je me suis spontanément demandé: «Avons-nous vraiment besoin de cela?»

L’ensemble du système avec les leviers de freins, le disque servant au capteur de vitesse de rotation des roues et l’unité de contrôle venant se fixer sur la fourche.

J’ai obtenu un bout de réponse sur le parcours du E-Tour du Mont Blanc 2022. Pour la faire courte, j’ai été très favorablement impressionné, avec un petit bémol dans une situation bien particulière.

«La descente sous le mont Rogneux est la plus belle que j’ai fait de ma vie», s’enthousiasmait un concurrent de l’E-Tour du Mont Blanc 2022 à l’arrivée à Verbier. Ma chance, c’est que je n’habite pas très loin et que j’ai aussi pu l’emprunter, juste après les coureurs, avec donc un vélo équipé du nouvel eBike ABS de Bosch. Comme terrain d’essai c’était du costaud, avec une mise à l’épreuve du matériel à la hauteur des promesses du fabricant. Surtout dans les conditions très sèches d’août 2022, avec une bonne couche de poussière venant s’ajouter aux graviers et rochers déjà bien représentés dans ce coin de pays.

Deux promesses: éviter les «soleils» et réguler le freinage en stabilisant le vélo

Le vélo du jour, équipé de l’Bike ABS de Bosch.

Les promesses de Bosch sont au nombre de deux:

  • Régulation du freinage: «La vitesse des roues est surveillée par des capteurs de vitesse de roue. Dès que la roue avant menace de se bloquer en raison d’un freinage trop brusque, le système Bosch eBike ABS régule la pression de freinage et améliore la stabilité et la manœuvrabilité du vélo, en particulier sur les routes glissantes. Le comportement au freinage ajusté et réglé de manière sensible apporte nettement plus de contrôle et de stabilité.»
  • Régulation du décollement de la roue arrière: «En cas de freinage très violent de la roue avant, la régulation intelligente du décollement de la roue arrière du système Bosch eBike ABS réduit le risque de décollement involontaire de votre roue arrière. Cela permet de réduire la probabilité de renversement.» En clair, les «soleils» ou OTB au freinage devraient appartenir au passé, même si les «nose turns» restent possibles.

Toujours en partenariat avec Magura

Pour sa version 2023 (présentée durant l’été 2022) de l’eBike ABS, Bosch a poursuivi sa collaboration avec Magura, une valeur sûre dans le domaine du freinage pour vélos. Les freins dont je disposais pour le test étaient basés sur les étriers à quatre pistons MT5, avec des leviers plutôt longs et destinés à un freinage à deux doigts, ce qui peut perturber les spécialistes, adeptes du freinage à un doigt.

Dans la cabine de Bruson… Au-delà du paysage, on devine le levier de frein, plutôt long.

Un disque à fentes installé à l’intérieur du disque de frein à proprement parler, sert au capteur de vitesse de rotation de la roue. Un petit boîtier (alimenté par la batterie du vélo et fixé sur le fourreau fourche) par lequel transitent durit de frein et câblage électrique, abrite l’unité de contrôle, véritable «cerveau» de l’ABS.

Le disque de frein, avec le disque supplémentaire servant au capteur de vitesse de rotation de la roue avant. On devine aussi l’étrier quatre pistons Magura, qui fournit toute la puissance de freinage souhaitée.

La roue arrière est aussi équipée d’un capteur et le système compare la vitesse de rotation des deux roues pour stabiliser le freinage à l’avant.

Sur le terrain: des promesses tenues

Autant le dire de suite, le système tient ses promesses: un freinage régulé sur terrain meuble et des « soleils» au freinage qui appartiennent au passé. L’ABS permet de freiner sans précaution particulière aussi fort que le permettent le terrain et les pneumatiques. Au-delà, on se heurte aux lois de la physique et trop tard sera toujours trop tard…

La sensation de freinage reste celle d’un frein dépourvu d’ABS tant que ce dernier ne s’active pas. Elle reste donc identique à un frein Magura et vous retrouverez l’attaque, la puissance et la modularité propre à la marque et au modèle. Et dans ce domaine, chacun ses préférences.

Lorsque l’ABS s’active, en raison d’une perte d’adhérence, on retrouve les petites saccades que l’on connaît sur les voitures. Le système fonctionne jusqu’à l’arrêt ou jusqu’à ce que vous relâchiez les freins. Dans l’exigeante descente du col de Mille (environ 1700m de dénivelé négatif), j’ai été assez impressionné par l’absence totale de blocage de la roue avant au freinage, même sur les petits gravillons ou dans la poussière accumulée au fil d’un été aride.

Le système complet sur la roue avant est plutôt bien intégré.

L’unité de contrôle, «cerveau» de l’ABS.

Au-delà de la certitude de ne pas passer par-dessus le guidon (difficile tout de même sur un terrain meuble où la roue glisserait avant de bloquer, sauf à être stoppé net par un obstacle, mais là on ne parle plus du freinage), l’ABS permet surtout de freiner tard et sans retenue, même quand le virage est déjà engagé. On pourra toujours «perdre» l’avant sur l’angle, mais pas sur le freinage lui-même. Comme sur une auto, l’ABS permet de garder le contrôle de la trajectoire tout en freinant fort, ce qui est vraiment rassurant lorsque l’on arrive un peu vite dans un secteur «loose» et piégeux.

Les adeptes des «nose turns» dans les épingles serrées n’en seront pas frustrés pour autant, un freinage progressif pouvant toujours amener la roue à l’arrêt pour soulever l’arrière du vélo et pivoter sur l’avant.

Attention tout de même à certaines situations un peu particulières: en arrivant «fort» dans certaines courbes sur terrain glissant et en «tapant» brutalement dans le frein, ce qui peut arriver en mode «panique», j’ai raté l’une ou l’autre épingle. La roue se bloque, très brièvement, avant que l’ABS n’entre en action, la libère et fasse son travail durant le freinage. Selon la vitesse initiale, le délai d’activation de l’ABS permet de parcourir un ou plusieurs mètres, ce qui m’a valu quelques «tout droit» en cherchant à reproduire le phénomène. Le remède est assez simple: garder un doigt sur le frein, ce qui maintient active la «surveillance» de l’ABS (ce qui n’est pas idéal en raison de l’échauffement des disques) ou anticiper très légèrement son freinage.

L’ABS s’active à partir de 6 km/h, attention donc aux freinages à très basse vitesse où il ne vous servira à rien. En pente raide, cela peut être un handicap pour les débutants, qui abordent parfois certains obstacles très lentement.

L’écran Kiox 300 vous permet en outre de visualiser des informations sur votre comportement au freinage. Si le frein de roue avant est utilisé, la distance et le temps de freinage sont enregistrés et vous pouvez les afficher; vous pouvez ainsi vous faire une idée de l’influence que peut avoir un autre terrain sur votre distance de freinage.

Pour qui?

«La clientèle visée est large», explique Beat Brechbuehl, responsable marketing Suisse BOSCH eBike. «On songe bien sûr aux débutants, mais aussi aux cyclistes réguliers et même aux pilotes aguerris. Nathalie Schneitter (qui a remporté l’E-tour du Mont Blanc 2022) a essayé l’ABS et apprécié le fait de pouvoir freiner plus tard en toute sécurité, ce qui permet au final de rouler plus vite.»

Les «riders» expérimentés émettront certainement quelques réserves et peuvent se passer d’un ABS sur leur vélo, leur cerveau ayant intégré depuis longtemps un fonctionnement similaire à l’ABS en relâchant le frein dès que la roue avant se bloque légèrement. Ces spécialistes apprécieraient aussi des leviers plus ergonomiques, notamment pour freiner à un doigt et garder un meilleur contrôle du vélo. Reste que le système BOSCH réagit vraiment très vite et même un très bon pilote peut en bénéficier, ne serait que lorsque la fatigue vient entamer quelque peu sa lucidité.

Au-delà de cette «niche», l’ABS ne peut qu’être bénéfique pour les utilisateurs d’eBike, notamment ceux qui ne savent pas trop s’il faut freiner fort de l’avant ou pas, ou quelle poignée correspond à quelle roue… Freinez fort des deux mains, l’ABS fait le reste. «Freine votre vélo, pas votre élan», dit la pub.

La technique de freinage est peut-être un peu différente, mais globalement elle amène de la sécurité et de la confiance. L’ABS permet aussi aux débutants ou aux personnes pas trop à l’aise d’adopter une position plus équilibrée lors du freinage, gage d’efficacité accrue et de confiance améliorée de manière générale. Et certainement de plaisir accru au bout du compte.

Questions et réponses

  • Puis-je montrer le système Bosch eBike ABS sur mon vélo existant?

    • Non, l’ABS est à ce jour proposé uniquement en première monte par quelques marques (infos sur www.bosch-ebike.com/ch-fr/produits/abs).
  • Combien pèse le système ABS?
    • 
Bosch affirme avoir réduit la taille et le poids du capteur de 77 % et 55 % respectivement par rapport à la première génération, qui ajoutait environ 800 grammes au vélo, soit environ 360 grammes. Peut-être un peu plus avec les disques et le câblage supplémentaire, mais somme toute assez négligeable sur un vélo à assistance électrique.
  • Combien ça coûte?

    • Bosch estime que l’ABS ajoute entre 400 et 500 euros au coût d’un vélo électrique.

En conclusion

Je n’ai testé que la version «trail» de l’ABS Bosch pour vélo électrique, qui est certainement le domaine le plus compliqué à gérer pour le système. Celui-ci s’en sort franchement très bien dans le terrain et laisse présager d’excellentes performances sur les autres vélos d’usage plus courant comme les vélos de rando, les vélos tous chemins ou les cargos avec lesquels on pourra se sentir à l’aise et en confiance même lors de conditions humides ou hivernales. Et si l’on se questionne peut-être aujourd’hui sur l’utilité du système, il fera peut-être un jour partie de l’équipement de base de très nombreux cycles. D’ailleurs, après les résistances initiales, on ne se pose plus vraiment la question pour les autos et motos où il est même très souvent devenu obligatoire…

Les +

  • Intégration réussie
  • Freinage efficace
  • Promesses tenue: plus de «soleil» par-dessus votre guidon au freinage
  • Gain de sécurité et de confiance
  • Les manœuvres «avancées» comme les «nose turns» restent possibles.

Les –

  • Pas de levier de frein «un doigt» (sur mon vélo test du moins).
  • Disponible uniquement avec un fabricant (Magura) dot on peut ne pas aimer le «feeling» au freinage.
  • Quelques absences dans des situations particulières où l’on « tape » brutalement dans un frein totalement ouvert.

Davantage d’informations:


La sortie test sur Komoot


La longue histoire de l’ABS

L’ABS abrégé d’«Antiblockiersystem» désigne un système de freinage antiblocage utilisé comme système de sécurité pour les véhicules comme les avions, les automobiles ou les 2 roues.

Son principe repose sur un système d’assistance au freinage qui permet d’éviter le blocage des roues lors de freinages brutaux et intenses. Ce système a été développé pour apporter une aide au freinage en garantissant un meilleur équilibre du véhicule. Bosch détient le brevet de ce dispositif.

Dans les années 1920 déjà

C’est dans les années 1920, que les tout premiers systèmes semblables à l’ABS d’aujourd’hui apparaissent dans l’aviation. L’objectif était de mieux contrôler l’avion à l’atterrissage pendant la phase de freinage et d’éviter que celui-ci se déséquilibre au risque de voir ses ailes toucher le sol.

Dès 1936, Bosch dépose un brevet pour « un mécanisme empêchant le blocage des roues d’un véhicule motorisé ». Mais ce n’est que dans les années 1970, grâce à l’avènement de la technologie numérique que le développement d’un ABS adapté aux véhicules motorisés vit véritablement le jour: en 1978 plus exactement, en option sur une Mercedes Class S 116.

Testé pour la première fois sur les lacs gelés de Suède, à Arjeplog, l’ABS a hissé Bosch au rang de pionnier de la sécurité active. Le système permet de débloquer les roues du véhicule en situation d’urgence en réduisant la pression de freinage en conséquence. Cela empêche le véhicule de glisser et permet au conducteur de pouvoir l’arrêter en toute sécurité en évitant les obstacles potentiels.

Lors d’un freinage d’urgence, les roues d’un véhicule ne disposant pas de l’ABS, se bloquent. Les pneumatiques glissent sur la route et il est alors très difficile pour le conducteur de contrôler la trajectoire de son véhicule surtout en cas de chaussée glissante (pluie, neige, gravier, verglas,..).