Christian Jean, organisateur de la célèbre randonnée cyclosportive transfrontalière, a dû jongler entre quantité de contraintes et un budget amputé pour maintenir sa manifestation. Explications.

La 17e édition du « Cyclotour du Léman » aura bien lieu ! Tout au moins si une seconde vague de Covid-19 ne vient pas lui (re)mettre des bâtons dans les roues ! Le traditionnel grand raout cyclosportif printanier romand se déroulera en automne le dimanche 11 octobre. En ces temps de crise et d’annulation tout azimut de la plupart des manifestations, cette nouvelle fait du bien. Elle n’a pas été facile à obtenir !

« La chose raisonnable aurait été de passer un tour mais mon envie que le Covid-19 n’ait pas le dernier mot a été la plus forte », explique Christian Jean. Le grand ordonnateur de l’épreuve a déployé des trésors de patience pour venir à bout du « casse-tête » consistant à avoir l’aval des 76 communes traversées pour une même date !  « J’y ai passé 30% de temps de plus que d’habitude », estime-t-il.

Avec les moyens du bord

En parallèle, le Franco-suisse a dû amputer ses habituels 250’000 fr de budget de 20%, notamment car plusieurs de ses sponsors, représentant au total 25% du budget, ont revu leur contribution à la baisse, voire l’ont annulé… Ce n’est pas le cas de la société genevoise IAM qui reste fidèle.

De plus, bien peu des habituels 8% de participants étrangers d’une trentaine de nationalités différentes pourront être de l’édition 2020. Le Cyclotour mise donc sur 1’800 à 2’000 inscrits quand les 3’000 était la norme ces dernières années et sur 30% de chiffre d’affaire en moins. Pour muscler sa trésorerie, Christian Jean va même écouler à prix coûtant les classieux maillots lui restant des précédentes éditions.

« Notre grande chance est qu’à six jours près, au moment où le Covid nous a contraint à annuler la date initiale, nous n’avions pas commandé nos 3’000 maillots à 20 fr l’unité aux noms de désormais anciens sponsors, relève encore Christian Jean. Sans cela, on aurait été en grande difficulté…

Catastrophe évitée de justesse

Le Covid a eu la peau du Cyclotour Genève-Genève. « La maintenir aurait été trop couteux et compliqué mais on espère le reproposer en 2021 », explique l’organisateur Christian Jean. La seule possibilité de faire le tour du lac complet cette année sera au départ de Lausanne. Quant au 110km de l’Evian – Lausanne aux 55 km du Genève (Vengeron) – Lausanne, ils seront maintenus. Mais le départ et l’arrivée lausannoise ne pourront pas se faire comme d’habitude sur la place de la Navigation (déjà prise). Ils se tiendront Place Bellerive.

La traversée de la rade de Genève, qui ravit autant les cyclistes qu’elle agace certains automobilistes et piétons genevois, ne sera pas allégée. Feux à l’orange, elle s’étalera de 10h à 12h30 et nécessitera 50 bénévoles contre 28 d’habitude car les 5000 participants de la « Marche de l’espoir » déferleront sur le quai du Mont Blanc au même moment.

Cancellara de la partie ?

L’édition 2020 du Cyclotour devait se tenir quinze jours après les championnats du monde de Martigny, annulé poiur cause de covid-19. Christian Jean espérait surfer un peu sur l’engouement que suscitera cet évènement chez les cyclistes amateurs.

L’organisateur croise les doigts pour que l’interdiction des événements impliquant de plus de 1000 personnes ne soit pas prolongée au-delà de la fin septembre par le Conseil fédéral. Cela viendrait en effet à nouveau faire capoter sa manifestation. Ce serait d’autant plus dommage que Fabian « Spartacus » Cancellara, devrait y participer tout comme l’ex-pro Jérôme Coppel, dont la société Powerwatts (système d’entrainement indoor) est basée à Genève.

La petite reine et le e-bike y seront rois

TESTÉ POUR VOUS Tout cycliste romand se doit au moins une fois dans sa « carrière » de boucler le tour du Léman ! Quelle plus belle occasion pour cela que d’enfourcher sa « monture » sur le Cyclotour et d’y bénéficier de l’aspiration d’un peloton de son niveau (on en trouve forcément un) pour venir à bout de ces 176 km pas si plat. Pour l’avoir fait, nous affirmons que le plus grisant dans tout ça est d’atteindre des moyennes impressionnantes en ayant la jouissive illusion d’être copieusement dopé à l’EPO et en se fatigant 30% de moins qu’en solo. Mais la chose demande toutefois un certain entrainement… A moins d’utiliser un de ces e-bike si à la mode. L’épreuve le permet en effet. Cette année, elle propose même moyennant 80 fr. d’inscription (maillot souvenir, ravitos et « pasta party » finale compris), un parcours Lausanne – Evian de 64 km spécialement dédié aux vélos électriques avec retour enchanteur sur Lausanne en bateau de la CGN.

www.cyclotour.ch

Par Laurent Grabet