Il faudra se souvenir de cette 4e étape du Tour de Romandie 2015 entre La Neuveville et Fribourg (170 km) qui a confirmé les exceptionnelles qualités d’un des futurs grands du cyclisme international, le Thurgovien Stefan Küng, vainqueur en solitaire après avoir animé une échappée dès le départ. D’abord en compagnie de cinq autres coureurs, puis seul sur les derniers 30 kilomètres, après avoir porté son accélération dans la descente de la côte de Sorens. Distancés, le Belge Bakelants et le Hollandais Lindeman n’ont jamais pu revenir sur lui. Et même le peloton des favoris a été repoussé au delà d’un écart limite qu’il n’a pas été capable d’effacer malgré la contre-attaque sur la fin de Tony Martin et Meersman. Un nouvel exploit spectaculaire à porter au crédit du grand espoir du cyclisme suisse (21 ans et demi), déjà lauréat le 3 avril dernier du Tour du Limbourg (Pays Bas).
C’est en conquérant, à peine marqué par quatre heures et demie d’efforts intensifs dans des conditions épouvantables, que Stefan Küng s’est présenté sur le fameux boulevard de Pérolles, ovationné par un public prompt à lui faire la fête malgré le mauvais temps. Pluie incessante et vent fort dès le départ, à ne pas mettre un cycliste dehors et même à vous dégoûter du vélo ! Des conditions que le jeune Stefan allait pourtant exploiter à son avantage en participant à une action qui traduit bien sa force de caractère et son formidable tempérament offensif.
Junior, il avait gagné en 2011, à Penthaz, la dernière étape du Tour du Pays de Vaud en démarrant aux 5 km et en résistant au retour de tout le peloton. On avait vu ce jour-là qu’il avait un « gros moteur et des chevaux sous le capot », à tel point qu’il s’est vite affirmé dans les autres catégories ainsi que sur piste où il est la locomotive de l’équipe de Suisse de poursuite qui espère se qualifier pour les JO de Rio en 2016.
Un rouleur hors pair
Champion d’Europe de poursuite individuelle et par équipes, mais aussi double champion d’Europe M23 du chrono et sur route à Nyon, en juillet 2014. Et en février dernier, champion du monde de poursuite individuelle devant le recordman du monde des 4 km, l’Australien Jack Bobridge. Depuis cinq saisons, des titres et des médailles en veux-tu, en voilà, qui témoignent de l’éclectisme et de la puissance de ce rouleur hors pair, professionnel depuis le 1er janvier dernier et qui n’est assurément qu’au début de son ascension vers les sommets.
Un enthousiasme communicatif
Un champion en devenir, à la maturité étonnante, enjoué et rieur, et qui se construit petit à petit en faisant naître autour de lui un enthousiasme communicatif. Un champion qui fait plaisir à voir et à côtoyer et qui devra récupérer de cette grosse débauche d’énergie avant de s’en aller disputer dès la semaine prochaine son premier Tour d’Italie. L’équipe BMC compte sur lui pour le contre la montre collectif du premier jour, entre San Lorenzo al mare et San Remo. Avec à la clé la conquête du maillot rose ?
Bertrand Duboux, 1.5.2015