Nouvelle médaille d’or pour le grand espoir suisse
Pour le cyclisme suisse, les championnats d’Europe 2014 se sont achevés en apothéose avec la nouvelle victoire du grand espoir thurgovien Stefan Küng, vainqueur de la course sur route des M23 après avoir gagné l’épreuve chronométrée deux jours auparavant. Un exploit rarissime qui situe le niveau de performance de l’athlétique coureur helvétique qui étoffe par une nouvelle consécration internationale un palmarès déjà bien fourni. Et de quelle manière !
Echappé dans le dernier des douze tours au programme en compagnie du Français Anthony Turgis, un des favoris de la course (il a gagné Liège-Bastogne-Liège M23), et de l’Italien Iuri Filosi, Stephan Küng a profité de sa formidable puissance pour permettre au trio de résister à un peloton lancé à ses trousses (8 secondes d’écart à 1,5 km !) et pour se dégager dans les derniers 400 mètres. Un final à suspense qui a tenu le public en haleine et qui comble au passage les organisateurs nyonnais dont les efforts ont ainsi été récompensés par le triomphe d’un champion suisse en devenir puisque Stefan Küng ne fêtera son 21ème anniversaire que le 16 novembre prochain !
Le triomphe de Stefan Küng met en évidence le formidable esprit collectif qui règne dans l’équipe nationale des M23. « Un pour tous, tous pour un ! » : telle était la devise qui soude ce groupe à l’avenir prometteur aussi bien sur piste que sur route. En participant dès le premier tour à une échappée en compagnie du Portugais Guerreiro, du Belge Van Rooy, du Français Chetout, de l’Allemand Plarre, de l’Italien Tonelli, du Norvégien Byström et de l’Azerbaïdjanais Jabrayilov, le Vaudois Théry Schir a activement participé à la réussite finale de son partenaire de piste. Pendant quelque 150 kilomètres, les huit attaquants ont joué les animateurs avec une avance maximum de 3’15 sur un peloton qui a commencé à se rapprocher à quatre tours de la fin.
Une autre course a alors commencé. On a ainsi vu Stephan Küng faire le forcing à plusieurs reprises, notamment dans la côte de Murat alors que le Tchèque Schlegel s’était vainement lancé dans une contre-attaque solitaire. Non représentée dans le groupe d’échappés (comme la Hollande, l’Ukraine, l’Espagne parmi les grandes nations du cyclisme,) l’équipe de Russie était obligée d’assumer la poursuite et forçait l’allure. Dans le 11ème tour, le groupe d’échappés était secoué par des attaques et se désintégrait progressivement. Le Norvégien Byström était le dernier à résister mais il capitulait au début de la dernière boucle de 14,6 kilomètres.
Le suspense s’installait alors et le forcing de Küng au passage de la ligne faisait monter l’ambiance d’un cran. Les favoris hollandais (Teuns), belges (Vliegen) et italiens se joignaient à lui mais l’offensive avortait avant que l’attaque décisive ne se produise dans la montée d’Arnex (à 9 km de l’arrivée) à l’initiative du Français Turgis qui voyait revenir sur lui un Stephan Küng déterminé et conquérant. Leur association les mettait à l’abri d’un retour du peloton mais pas de l’Italien Filosi qui fondait sur eux dans la descente de Crans-près-Céligny (à 2 km). Mais leur avance n’était que de 10 secondes et il a fallu que Stephan Küng se lance dans un finish de poursuiteur, à la Jelle Nijdam (le spécialiste hollandais des années 1980 !) pour aller chercher cette nouvelle médaille d’or qui annonce des lendemains très prometteurs. Classement :
1. Stephan Küng (Sui), les 172,8 km en 4h16 :05 (40,500 km/h)
2. Iuri Filosi (Ita), même temps
3. Anthony Turgis (Fra) mt
4. Thomas Boudat (Fra) mt
5. Matti Manninen (Fin) mt
6. Tiesj Benoot (Bel) mt
7. Liam Bertazzo (Ita) mt
8. Holst Enger Sondre (Nor) mt
9. Tom Bohli (Sui) mt
10 Silvio Herklotz (All) mt
puis : 14. Fabian Lienhard (Sui) mt,
32. Gabriel Chavanne (Sui) à 9 sec.
39. Simon Pellaud (Sui) à 32 sec.
93. Théry Schir (Sui) à 5’59
Abandons : Lukas Spengler (Sui)
Il a dit :
Stephan Küng : « Je suis heureux et soulagé. Après ma médaille d’or du chrono, je ne pensais pas forcément à ce nouveau titre. J’étais relax. Ce matin (le jour de l’épreuve) j’ai dormi jusqu’à 10 heures. Et puis il y a eu la course. J’ai fait une petite chute dans un rond-point quand il y a eu l’orage. La route était mouillée et j’ai glissé mais il y avait tellement d’eau que je n’ai pas été blessé ! Sur la fin de la course, j’ai senti que j’avais des super jambes. J’ai sauté dans tous les coups. Dans la côte d’Arnex, quand le Français a attaqué et je l’ai suivi. Et j’ai essayé de le motiver. Je lui ai dit qu’il fallait rouler. Après, il y eu le retour de l’Italien et j’ai vu qu’ils se marquaient alors je suis parti sur la droite. Comme un forcené. Et je voulais tellement gagner que je n’ai pas osé lever les bras ! »
Bertrand Duboux