Je crois que c’est un moment que je redoutais un peu: celui où l’on me demanderait de tester un casque. Comment faire pour tester un objet sans mettre à l’épreuve sa fonction principale, en l’occurrence la protection de votre tête, plus particulièrement de votre cerveau?

Si je suis prêt à souffrir un peu pour pousser le matériel dans ses derniers retranchements, je n’envisage pas pour autant de mettre en danger la rédaction d’autres articles à l’avenir et ne me lancerai donc pas dans des chutes improbables pour voir si le casque Lazer Vento Kineticore tient ses promesses.

Lazer explique en effet protéger votre tête aussi bien, voire mieux, que ses concurrents dotés du système Mips, que la marque abandonne pour sa part au profit de la solution maison Kineticore.

Ce qu’en dit Lazer

Protection améliorée contre les impacts

Nous avons mis au point KinetiCore et ses zones de déformation uniques pour minimiser l’impact des forces linéaires et rotationnelles qui peuvent toucher le cerveau en cas de choc.

KinetiCore est le fruit d’une quête de dix ans pour une nouvelle technologie améliorée. Elle offre une protection contre l’impact des forces linéaires et rotationnelles grâce à des blocs en mousse EPS baptisés zones de déformation contrôlée qui, comme leur nom l’indique, se déforment sous l’impact et dispersent l’énergie qui aurait normalement atteint le cerveau du cycliste.

Les zones de déformation adoptées dans le secteur de l’automobile ont été une révélation pour notre équipe. L’équipe de recherche et de développement a eu le déclic en pensant à la manière dont certains composants de la carrosserie d’un véhicule sont conçus pour se déformer afin d’absorber l’énergie. Elle s’est alors lancée dans la conception de structures coniques à l’intérieur du casque dont le rôle serait de se déformer en cas d’impact pour absorber et dissiper l’énergie que le crâne et le cerveau du cycliste auraient encaissée.

Selon Lazer, les structures spécialement étudiées et disposées du casque peuvent se comprimer de manière linéaire pour absorber l’énergie en cas d’impact direct, comme la zone de déformation d’une voiture. La forme, la profondeur et l’orientation de ces colonnes étant réglées de manière stratégique pour créer les caractéristiques de déformation souhaitées pour une zone donnée, elles peuvent également se replier pour agir efficacement comme une couche de cisaillement. Le casque peut ainsi pivoter légèrement autour de la tête, comme le MIPS le ferait, mais en intégrant ces éléments de protection directement dans la coque.

Voilà donc pour la fonction principale du casque, qu’il est évidemment difficile de vérifier. On peut toutefois s’intéresser aux résultats des essais de laboratoires indépendants comme celui de Virginia Tech.

« Depuis 2011, les chercheurs de Virginia Tech fournissent des évaluations impartiales des casques qui permettent aux consommateurs de prendre des décisions éclairées lors de l’achat de casques. Les classements de casques sont l’aboutissement de plus de 15 ans de recherche sur les impacts de la tête dans les sports et identifient les casques qui réduisent le mieux le risque de commotion. Ces travaux sont réalisés dans le cadre de la mission de service de Virginia Tech et sont totalement indépendants de tout financement ou influence des fabricants de casques. » (Site internet de Virginia Tech)

Le Lazer Vento Kineticore obtient ses 5 étoiles, tout en se situant en milieu de classement si l’on s’intéresse à son score plus précis.

Ceci dit, Virginia Tech rappelle qu’aucun casque n’offre de garantie à 100% contre les commotions cérébrales. «Tout athlète peut subir un traumatisme crânien, même avec la meilleure protection de la tête. Le classement des casques identifie les casques qui réduisent le plus les risques de commotion cérébrale.»

Reste que le choix d’un casque repose rarement sur sa seule fonction de protection. Comme pour les chaussures, d’autres éléments seront certainement plus déterminants lorsque vous vous retrouverez devant les rayons parfois pléthoriques de votre magasin préféré.

Le look

On peut commencer par l’allure générale du casque, plutôt réussie (mais chacun ses goûts) et celle que vous aurez en le portant. Pour ma part, je trouve qu’il me sied assez bien, avec son air de «petit» casque, l’intégration du système Kineticore dans la coque permettant aussi de réduire le volume global.

Le «garage» à lunettes impose d’écarter passablement les branches (attention aux lunettes trop rigides), mais cela se traduit par un excellent maintien, encore soutenu par la surface caoutchoutée de cette zone.

Les lunettes restent bien accrochées sur la surface caoutchoutée.

Par contre, selon la forme de vos lunettes, vous aurez peut-être un dilemme digne de la barbe du capitaine Haddock… Les sangles à l’avant du casque débouchent au milieu de la coque plutôt qu’à l’intérieur et il faudra parfois les positionner par-dessus les branches de vos lunettes, ce qui va à l’encontre de la règle 37 des très sévères gardiens de l’étiquette cycliste: «Les branches des lunettes doivent toujours être placées sur les sangles du casque, sans exception. Ceci pour diverses raisons qui peuvent avoir ou non de l’importance ; c’est comme ça.» Mais on a le droit de le prendre au second degré 😉

Le confort

Le confort «immédiat» du Vento est excellent dans mon cas. Le système de rétention «ScrollSys» est ajustable via une grosse molette située sur l’arrière du casque. Un peu dure à l’état neuf, elle gagne rapidement en souplesse à l’usage et permet d’ajuster finement le serrage à votre tête. La hauteur est aussi réglable. Un bon point, indispensable dans mon cas pour faire passer la structure de serrage sous la bosse occipitale assez proéminente à l’arrière de mon crâne. Attention toutefois à ne pas vouloir trop serrer le casque avec la grosse molette susmentionnée, car cela peut parfois faire «sauter» le réglage occipital de la hauteur, auquel cas il faut ôter le casque pour le refaire.

Les lanières, fines et souples se règlent très facilement pour se placer idéalement autour de vos oreilles et sous votre menton. La facilité de réglage s’accompagne toutefois d’une certaine facilité de… déréglage et il n’est pas vraiment possible de «fixer» l’articulation des sangles autour de vos oreilles. Mais comme déjà dit, c’est vite réglé et pas vraiment problématique à mon sens.

 

Avec l’étiquette rouge, on distingue le réglage de la hauteur du système de rétention.

À l’usage, le poids contenu (même s’il est supérieur à celui de mon casque habituel, dépourvu de MIPS ou Kineticore) et le serrage bien réparti, sans point de pression désagréable tout en assurant un excellent maintien, en font l’un des casques le plus confortables qu’il m’ait été donné de porter. On l’oublie tout simplement et c’est en l’occurrence bon signe.

Lazer annonce aussi « jusqu’à 12 % d’augmentation de l’efficacité du refroidissement». Évidemment difficilement vérifiable, surtout que l’on ne sait pas à quoi la marque fait référence. Mais elle explique que ses casques Kineticore sont «conçus avec des aérations révolutionnaires qui acheminent l’air frais vers l’arrière du casque et éliminent l’air plus chaud. Le confort est amélioré et l’expérience à vélo est plus agréable.» Je ne saurais dire si les treize aérations sont «révolutionnaires», mais elles font leur travail et je n’ai pas vraiment souffert de la chaleur à des allures relativement soutenues, malgré les températures estivales de cette étrange mi-mai en Valais. Je n’ai pas encore eu l’occasion de porter ce casque lors de longues ascensions à faible vitesse, mais ne manquerai pas de mettre à jour cet article lorsque ce sera fait.

Treize entrées et sorties d’air assurent une ventilation efficace, malgré l’aspect très « fermé » du casque.

Les mousses qui garnissent le casque semblent aussi particulièrement efficaces pour retenir et évacuer la sueur et je n’ai pas enregistré d’écoulement malencontreux sur la face interne de mes lunettes. Également à vérifier sur des montées plus longues par grande chaleur.

En conclusion

Un casque d’allure moderne, certainement davantage pensé pour les adeptes du chrono et de sorties sportives plutôt que pour la balade tranquille et qui tient ses promesses vérifiables de confort, de poids contenu (283 grammes en taille M sur ma balance de cuisine, soit 10 de plus qu’un modèle MIPS de la concurrence et utilisé par mon épouse) et de ventilation. Donc, s’il est à votre taille et à votre goût (il est proposé en huit combinaisons de couleurs), c’est bon, car s’agissant de son efficacité réelle, j’espère ne jamais avoir à vous en parler.