Patrick Seabase, l’un des meilleurs cyclistes en fixie au monde, se lance le plus grand défi de sa vie: gravir en un jour cinq cols, soit parcourir plus de 300 kilomètres et près de 7000 mètres de dénivelé. Le tout avec une seule transmission et sans freins. L’aventure commence début juin.
Patrick Seabase est accroc à son Fixed Gear-Bike. Rallier le Valais en une journée depuis Berne, en franchissant plusieurs cols alpins avant de revenir au point de départ – des perspectives réjouissantes et une torture tout à la fois; allez, en selle! Il revient tout juste de Grande Canarie et prévoit d’aller à Majorque pour se préparer au plus grand défi de sa vie: la carotte et le bâton pendant cinq cols, soit près de 7000 mètres de dénivelé sur une distance de plus de 300 kilomètres. Le Bernois ne nous dévoile pas encore la destination.
Une fusée sur roues
Si certains l’appellent «fixie», Patrick Seabase parle tout simplement de vélo de piste. Car à l’instar des roues utilisées dans un vélodrome, la roue de Seabase n’a qu’une seule transmission et pas de freins. Un pignon fixe («fixed gear») permet de faire tourner les pédales à chaque mouvement de la roue arrière. C’est la forme originelle du vélo. Le moyeu à roue libre grâce auquel la pédale reste immobile pendant le déplacement n’a été inventé que plus tard. «Rouler avec ce vélo donne l’impression d’être accroché à une fusée», décrit le Bernois. «Chacun de mes mouvements est transmis instantanément et à cent pour cent à la route.»
L’objectif de Seabase est de gravir des cols de plus en plus durs et de franchir des étapes de plus en plus longues. Il n’a que faire des courses et des temps records. Ce qui compte pour lui c’est d’être dans l’instant, de ne faire qu’un avec l’environnement et d’apaiser ainsi un peu les souffrances dues à l’effort. Pour survivre à ces sorties titanesques, le professionnel s’entraîne en faisant preuve d’endurance et de ténacité. Il se prépare à son prochain challenge avec plus de minutie que jamais, en respectant un plan d’entraînement et un régime alimentaire très étudié. Il met actuellement en place une équipe qui sera réunie autour de lui lors de l’aventure. Impossible sinon de parcourir ces 300 kilomètres.
L’étape reine
Les cols classiques du cyclisme ont toujours attiré ce sportif de 31 ans. Il les parcourt les uns après les autres. Contrairement aux professionnels du WorldTour, il les gravit avec une seule transmission. Et la descente n’est d’aucun répit non plus pour Seabase, bien au contraire. Les seuls freins dont il dispose sont ses pédales. Il contrôle la vitesse en exerçant une contre-pression. Ce qui ne veut pas dire que le génie du fixie n’avance pas vite. «Je peux relâcher mes jambes juste assez pour qu’elles accompagnent le mouvement des pédales et tournent donc plus vite que la vitesse à laquelle je pourrais pédaler», explique-t-il. Seabase tire le frein d’urgence avant les virages en épingle, en bloquant la roue arrière et en dérapant, jusqu’à avoir suffisamment freiné pour prendre le prochain virage. Seabase veut collectionner les cols, à l’image des étapes de montagne de grandes courses cyclistes. Mais en version un peu plus extrême. «Ce défi ultime éclipse tout ce que j’ai fait jusqu’à ce jour. J’en dirai davantage courant mai», promet-il. Notamment le nombre d’heures, imprévisibles, qui lui seront nécessaires. 12, 15 voire 20 heures? En juin, il prendra d’assaut l’étape reine – le challenge de sa vie.