Lors de sa création, voilà 25 ans, le fabricant néerlandais PRO à débuté en proposant des vêtements pluie, des potences, des cintres et des embouts de guidon pour mountain bike. Au fil des années, le créneau de produits – vêtements de pluie mis à part – est resté le même, mais est sensiblement monté en gamme.
Grâce des collaborations avec des cyclistes professionnels, à commencer par le champion olympique de mountain-bike hollandais Bart Brentjens, PRO s’est imposé dans le haut de gamme, développant notamment des produits pointus, comme cette potence bodybuildée destinée à Mark Cavendish.
20140115-pro 15

Différentes étapes de la conception de la potence « Mark Cavendish », des prototypes réalisés à l’imprimante 3D au modèle final.

Passée dans le giron du géant Shimano il y a quelques années, PRO équipe aujourd’hui plusieurs équipes professionnelles sur route, ainsi que des vététistes comme Thomas Vanderham ou la famille Atherton. Un freerider et des descendeurs capables de pousser les équipements dans leurs derniers retranchements.

À la mi-janvier, une invitation lancée à la presse spécialisée à permis à PRO d’évoquer le chemin parcouru, le présent de la marque et les nouveautés à venir. Nous y étions pour un petit tour du propriétaire.

Aujourd’hui – Exigences à la hausse

Chez PRO, on insiste beaucoup sur les normes très sévères imposées par la maison mère, Shimano. « Nous devons obtenir le même niveau de qualité que Shimano, sinon nos produits ne passent pas la rampe à l’interne », assure-t-on. Et de rappeler que le standards vont bien au-delà des obligations légales. Illustration avec les cintres: « La législation européenne impose des tests de résistance avec 200’000 cycles de charge-décharge », explique Marcel Gerritsen, responsable de la coordination et du développement des produits. Cet ancien coéquipier de Bart Brentjens souligne que « nous allons bien au-delà avec des charges plus importantes et un nombre de cycles nettement plus élevé aussi. Aux États-Unis, un produit doit résister dix ans et nous devons offrir cette prestation. Et nous savons que nous avons une bonne marge de sécurité… »

Les cintres sont soumis à des tests allant bien au-delà des normes légales.

Les cintres sont soumis à des tests allant bien au-delà des normes légales.

La prudence commande aussi d’anticiper les « erreurs » du consommateur. « Des couples de serrage sont indiqués sur nos produits, qu’il s’agisse des potences ou des tiges de selle », rappelle le développeur Roy Heideveld. «Mais nous savons aussi très bien que tout le monde ne dispose pas d’une clé dynamométrique. Là aussi, nous prenons une marge qui évite bien des problèmes. Le design des produits, comme avec les potences dotées du système Headlock, permet aussi d’éviter un montage erroné. » Difficile d’innover totalement aujourd’hui, le temps des pionniers et des explorations de solutions exotiques est bien révolu. « Mais cela ne donne que davantage d’importance aux détails qu’il s’agit de soigner », note l’ancien vététiste pro Bas van Dooren, aujourd’hui responsable de la coordination produits chez PRO.

Bas van Dooren présente l'ensemble cintre-potence utilisé notamment par Cavendish.

Bas van Dooren présente l’ensemble cintre-potence utilisé notamment par Cavendish.

Pour Marcel Gerritsen, chez PRO depuis 14 ans, les exigences de qualité sont toujours plus élevées, « elles augmentent chaque année ». Certains fournisseurs en paient le prix: « S’ils ne peuvent assurer le niveau exigé, nous devons malheureusement nous en séparer.»

Aujourd’hui – Imposer les selles

Reconnue pour ses ensembles potences-cintres (VTT, route, contre-la-montre et triathlon), PRO veut se faire une place au soleil avec ses selles. «Nous proposions des selles depuis assez longtemps», rappelle Marcel Gerritsen. «Mais nous nous y sommes mis sérieusement seulement depuis peu de temps, dans une démarche de “co-création” avec des coureurs professionnels qui s’investissent vraiment dans la démarche. » A tel point que certains coureurs comme Tom Stamsnijder (Giant-Shimano) décident de conserver sur leur vélo de route la selle qu’ils ont aidé à concevoir initialement pour le contre-la-montre et le triathlon (la nouvelle selle « aerofuel »). Le coureur insiste également sur l’importance d’un vélo adapté à la morphologie de chacun (terme à la mode: le bike-fitting). « Si vous êtes assis trop bas, impossible de juger des qualités de la selle », illustre-t-il.

Tom Stamsnijder, professionnel de l'équipe Giant - Shimano a participé activement à la conception de la selle "aerofuel" destinée au contre-la-montre. Elle lui convient si bien qu'il a décidé de l'utiliser sur son vélo "normal".

Tom Stamsnijder, professionnel de l’équipe Giant – Shimano a participé activement à la conception de la selle « aerofuel » destinée au contre-la-montre. Elle lui convient si bien qu’il a décidé de l’utiliser sur son vélo « normal ».

La selle "aerofuel" avec un des premiers prototypes.

La selle « aerofuel » avec un des premiers prototypes.

Avec une quinzaine de références et ce fameux nouveau modèle « AeroFuel » doté d’un imposant canal central, PRO espère bien que chacun trouve chaussure à son pied et lui permette ainsi de s’imposer comme un acteur majeur du marché de la selle. Pour Tom Stamsnijder, la cause et entendue: « Aujourd’hui, si vous avez mal aux fesses, c’est votre choix », plaisante-t-il.

Toujours au rayon des selles, les "pro models" Thomas Vanderham (freeride, à gauche) et Atherton (descente).

Toujours au rayon des selles, les « pro models » Thomas Vanderham (freeride, à gauche) et Atherton (descente).

Demain…

Pour PRO, l’intégration à Shimano, outre les standards de qualité plus élevés, procure de nombreux avantages. « Nous pouvons proposer des produits spécifiquement adaptés à ceux de Shimano », soulignent les développeurs. Comme cette tige de selle qui accueille la batterie du dérailleur électronique Di2, ou le compteur qui affiche le niveau de la batterie et la combinaison plateau-pignon utilisée. Sans parler de l’accès à la base de données de bikefitting.com, rachetée par Shimano. D’autres projets sont encore dans les cartons, mais soumis à un embargo.

Un prototype de tige de selle pouvant contenir la batterie pour le système Di2 de Shimano.

Un prototype de tige de selle pouvant contenir la batterie pour le système Di2 de Shimano.

Shimano: un Di2 « bike » en 2014?

Plus largement, chez Shimano, après une année surtout riche en nouveautés dans le domaine de la route, 2014 devrait faire une large place au VTT. Sans trop de détails pour l’instant. Des vitesses électroniques, comme en route? «Ça vient très bientôt», nous glisse-t-on. «Juste le temps que ce soit parfaitement au point. Ce doit être du Shimano…» Et le monoplateau? «Peut-être un jour… Mais un produit Shimano doit s’adresser à tout le monde. Pas sûr que ce soit le cas d’une transmission monoplateau.»

Une tige de selle téléscopique?

Et chez PRO, alors? Une évolution logique des tiges de selles pourrait se faire avec un modèle télescopique, en vogue sur les VTT aujourd’hui. «Nous suivons cela de près nous assure-t-on, mais il est très difficile de produire une bonne tige de selle télescopique. Il n’y en a d’ailleurs pas tant que ça. Une seule à notre avis… »

Difficile de croire que les ingénieurs de PRO n’ont pas déjà une petite idée derrière la tête. «Faire du surplace, c’est déjà reculer», se plaît-on à rappeler au siège de PRO, dans les locaux mêmes de Shimano Europe à Nunspeet, aux Pays-Bas. Et à voir l’enthousiasme des créateurs pour leur imprimante 3D, ce ne sont pas des vestes de pluie qui sont dans le «pipe-line» de l’équipementier aujourd’hui…

Site internet: www.pro-bikegear.com