Cyclo-cross. La 56e édition de l’Omnium genevois a démarré tambour battant avec les succès de la jeune Lucie Cottier et du pro Aloïs Falenta.

C’est un petit coin de terre épargné, qui échappe aux tentacules de l’autoroute et aux morsures des pelles mécaniques. La nature y semble immuable, comme l’Omnium genevois de cyclocross qui en a fait son refuge. Pour monter au paradis, il suffit d’emprunter le chemin de la Butte. Les familiers s’y retrouvent chaque automne pour une joyeuse partie de manivelles. Samedi, on y a revu Aloïs Falenta, l’un des meilleurs spécialistes français, venu en voisin de Chevry. Et on y a fait la connaissance de Lucie Cottier, une championne en herbe, le sourire en accroche guidon.

À Plan-les-Ouates, la Vaudoise d’Échallens s’est imposée comme une fleur, le coup de pédale ferme et la technique déjà bien rodée. Elle n’a pourtant que 16 ans. Il y a deux semaines, elle a disputé à Berne sa première manche de Coupe du monde. Un baptême de terre heureux, dont elle parle avec émerveillement. «Côtoyer des cracks comme Marianne Vos (ndlr: double championne olympique et septuple championne du monde de cyclo-cross), c’est très stimulant. Bien sûr, je suis vite larguée. Mais ça m’encourage à progresser», dit-elle. La gymnaste rêve de participer en 2020 aux premiers Mondiaux U19 à Dübendorf. Elle a un sacré tempérament et le talent pour y parvenir.

Une réserve d’Indiens

Mais au fait, pourquoi avoir choisi le cyclocross, une discipline plutôt ingrate et austère en apparence, et non pas la route? «Parce que c’est une grande famille, avec de très forts liens de solidarité. Même entre adversaires, on s’entraide», répond Lucie Cottier. À voir les indécrottables organisateurs du VC Lancy à l’œuvre, c’est même une tribu, une réserve d’Indiens! Sans eux, l’Omnium genevois aurait déjà rendu les plaques depuis longtemps. Christian Favre est leur grand sachem. C’est lui qui note, à la main, l’ordre des passages. «41 en tête», lui crie Léonard Montavon, un conseiller municipal de la Ville. Sur le parcours, il y a même le chanteur du Beau Lac de Bâle, qui a troqué son micro pour un drapeau de commissaire de course. Les vieilles branches sont encore vertes.

Le dossard 41, c’est Aloïs Falenta qui le porte. Privé de sélection pour les championnats d’Europe, le pro de l’équipe Charvieu-Chavagneux, 5e des championnats de France l’hiver dernier, est venu s’aguerrir sur les chemins de vignes de Plan-les-Ouates. «C’était plus et mieux qu’un entraînement. J’ai dû me mettre minable pour décramponner mes adversaires. Ici, le tracé est top, technique et sélectif. Il manquait juste un peu de boue», apprécie-t-il.

Dans son sillage, le prometteur Valaisan Gilles Mottiez a été le dernier à lâcher prise. Distancé plus tôt, le menuisier nyonnais Kevin Boscardin (4e) a fait illusion durant trois tours avant de perdre du terrain. «Normal, je suis parti un peu trop fort. Samedi prochain, j’essaierai de rester plus longtemps devant», confie le vainqueur en titre, victime cet été d’une fracture de la clavicule qui ne l’a pas empêché, deux mois plus tard, de terminer 5e de la Haute Route. Le cyclocross forge le caractère, c’est bien connu.

Publié dans la TG par Pascal Bornand