Alors que l’affaire Froome pourrit l’ambiance du vélo à cinq jours du départ du Tour de France, les deux titres nationaux remportés par Alexandre Balmer et Steve Morabito sont autant de rayons de soleil qui font du bien au cyclisme romand. Le grand espoir chaux-de-fonnier (18 ans) s’est imposé en solitaire chez les juniors avec 4 minutes d’avance (!) et le Valaisan de Groupama-FDJ couronne avec brio sa dernière saison chez les professionnels (NDLR, après son titre il a suggéré n’avoir pas le choix que de prolonger d’une année). Deux magnifiques réussites qui redonnent vie à un sport qui a perdu des couleurs de ce côté-ci de la Sarine.

Balmer de la route au VTT?

Dans la fournaise de Schneisingen, il aura fallu au jeune Balmer 40 kilomètres d’échappée pour hisser sa carrière naissante sur route au niveau d’une immense investissement pour l’avenir ! On le savait déjà depuis le Tour du Pays de Vaud 2017 (7ème). On en a eu la confirmation en 2018 (4ème) et désormais la belle récompense était au bout de la ligne droite. Bravo et merci à ce brillant Neuchâtelois pour les espoirs qu’il a déjà fait naître en deux saisons et alors qu’il vise désormais les Mondiaux de VTT à Lenzerheide en septembre.

Morabito: une carrière irréprochable

Bravo aussi à Steve Morabito qui s’apprête à mettre fin à une carrière irréprochable. D’abord chez BMC où Cadel Evans a pu mesurer, notamment sur les routes du Tour de France, l’ampleur et la qualité du dévouement du Valaisan, puis chez FDJ où son expérience a servi à l’épanouissement de Thibaut Pinot, l’un des grands absents de l’édition 2018 qui promet quelques turbulences en raison des retombées et des conséquences de l’absolution accordée à Froome… D’un côté l’histoire ternie d’une génération en bout de course, de l’autre, la belle image du vélo par le biais d’un jeune talent qui arrive, plein de rêves et de défis à relever. Et qui fait du bien à tous ceux qui croient encore en l’avenir du cyclisme.

Alors que sa cellule antidopage n’a pas pris la moindre décision depuis neuf mois, que l’UCI du nouveau président Lappartient a laissé pourrir l’affaire face à la pression des dirigeants de la Sky, prêts à demander des millions en cas de préjudice, il aura fallu 24 heures (suite à l’appel de la Sky) pour faire admettre le controversé Britannique au départ de Noirmoutier par le tribunal arbitral du Comité olympique français ! Problème règlé, circulez y a rien à voir… Comme si la prise de position du directeur Christian Prudhomme déclarant Froome persona non grata avait été le détonateur de cette affaire complexe et embrouillée.

Le sport cycliste encore éclaboussé

Cette issue inattendue donne toutefois l’impression qu’on a flirté avec la magouille, qu’on est tombé dans les petits arrangements entre «amis» (ils étaient trois à décider, représentant ASO, la Sky et le CNOSF) afin de solutionner ce problème longtemps insoluble… Déjà qu’il n’avait pas bonne presse depuis deux décennies, le sport cycliste est une nouvelle fois éclaboussé, décrédibilisé, ridiculisé par cette décision qui jette encore une ombre et la suspicion sur une pratique de plus en plus décriée. Notamment par le public de juillet qui pourrait bien faire la fête à sa façon à Froome et son équipe, lesquels se dressent en adversaires principaux du grimpeur Bardet qui ne retrouvera jamais plus une occasion comme celle-ci d’inscrire son nom au palmarès !

Bertrand Duboux, 3.7.18